S'il n'était pas de nationalité arménienne, il n'est pas sûr que l'on se pencherait sur le cas de la Symphonie du silence avec autant de curiosité. Mais les films ont-ils une nationalité ? La question pour le cinéma a-t-elle même un sens, sinon pue de la gueule, à l'heure où l'idée de nation, tout autour de la terre, reprend du poil de la bête souvent immonde ? Si la Symphonie du silence est un bon-film-moyen, ce n'est pas parce qu'il se situe à Erevan et que le nom de son réalisateur, Viguen Tchaldranian, est propre à flinguer un clavier d'ordinateur, mais parce qu'il rappelle deux ou trois bricoles qui, de nous à lui, font écho.
Mal fatal. L'histoire commence bien en compagnie aérienne d'un certain Mel Divan, gros bonhomme en provenance de New York qui, à peine débarqué au pays natal, ne songe qu'à le quitter. En attendant, il déambule dans les faubourgs peu amènes de la capitale arménienne, d'où il ressort par flash-backs quasi subliminaux que ce Mel Divan a un passé de franche crapule qu'il est venu à la fois revisiter et exorciser. De plus, quelques malaises physiques récurrents (va-t-il vomir ou s'étouffer ?) laissent présumer un mal fatal qui confère à son entreprise une qualité existentielle radicale. Mais, à force de vouloir partir, Mel s'incruste et, comme il est millionnaire, achète cash un hôpital psychiatrique en faillite ainsi que son contenu : médecins, infirmiers, malades et équipements au-delà du foireux.
Dans ce monde à part, bientôt transformé en valeur-refu