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Libération
Interview

Claire Denis : «Un film peut naître d'une musique»

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Pour Claire Denis, le son est un élément central du processus de création.
publié le 11 septembre 2002 à 0h56

Les films de Claire Denis font tendre l'oreille et il faut les revoir les yeux fermés. Rencontre à Venise, où elle présentait Vendredi soir, autour de sa façon d'aborder le son, les voix et la musique dans son travail. Sur la table, un livre, Absalon ! Absalon ! de Faulkner.

Ouverture. «La musique de Jeff Mills, l'ouverture de sa BO pour Metropolis (1), j'en ai eu besoin dès l'écriture du scénario. Dans la première scène du livre, Laure ferme les derniers cartons de son déménagement. Je me suis dit, je vais me mettre derrière une vitre pour la regarder d'un peu loin, on ne peut pas être avec elle d'emblée. Je retravaillais la scène, ça ne collait pas. J'ai commencé alors à décrire un toit parisien, le son des roues des poubelles qu'on entend dans les cours d'immeuble à la tombée du jour... En écoutant Jeff Mills, j'ai vu et senti le plan, l'espace de la ville, le regroupement humain en elle. Dickon Hinchliffe, le compositeur de la musique du film, a compris qu'il devait écrire un terme qui pouvait mordre sur ce morceau de Mills. Une musique peut donner naissance à un film. Depuis cinq ans, il y a un disque de Chostakovitch chez ECM que j'écoute avec un morceau en particulier dont je sais qu'il est pour moi le début de quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais c'est un espace inconnu que je découvre à l'écoute, un repérage à l'intérieur de moi-même, une zone intérieure que je n'ai pas encore envahie mais dont le morceau me désigne la direction.»

Ambiances. «Je n'ai jamais pensé