Adapté d'un roman d'Emmanuèle Bernheim, Vendredi soir, après l'électrochoc provoqué par les noces sanguinolentes de Trouble Every Day, pourra sembler un film réglo avec vedettes show-biz (Valérie Lemercier et Vincent Lindon) et sujet bourgeois (une Parisienne a une aventure d'une nuit avec un inconnu).
Signes mystérieux. Moins ouvertement arty, certes, Vendredi soir est pourtant pour Claire Denis une manière d'aller plus avant encore dans la recherche d'un cinéma du temps intermédiaire et du coin de l'oeil, un cinéma vaporeux et nocturne comme les toiles de Fragonard, quand les ciels et les arbres se brouillent en vagues déferlantes de fumées noires. L'art de Claire Denis, dans sa précision digressive, fait glisser le centre du sujet (un coup de foudre) vers le bas du cadre et remplit l'espace libéré d'une profusion de détails d'ambiances, de signes mystérieux, de sons. Les images glissent idéalement les unes sur les autres, la musique les traverse de part en part. Le spectateur est pris dans des volutes, une tasse de café sur un zinc, la pluie sur la vitre des voitures, les néons des magasins, tout ce déjà-vu de la poésie urbaine, ce Paris noctambule, peut revenir et flamber encore par on ne sait quelle alchimie.
Vendredi soir divise, y compris au sein du fan-club de la cinéaste dont c'est le septième long métrage. Certains ont pu dire que le film était ennuyeux, qu'il ne s'y passait rien, que Valérie Lemercier et Vincent Lindon avaient parfois l'air absolument paniqués, priv