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Libération
Critique

«Les Diables» l'emportent

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Un beau film sur l'enfance et la perte de l'innocence.
publié le 11 septembre 2002 à 0h56

L'enfance et le cinéma, couple béni, couple maudit, jeux de plans, jeux méchants. Cinq ans après le Gone du Chaâba, Christophe Ruggia affiche toujours un fervent désir d'enfance et une grosse envie de cinéma, à travers une histoire tirée par les cheveux, qui aurait pu tourner au bazar émotif et s'en sort avec pas mal de grâce.

Evasions. Joseph aime passionnément sa soeur Chloé, jolie môme psychotique (ne supporte pas d'être touchée). Les deux enfants, abandonnés bébés, sont devenus des fugueurs impénitents, Joseph s'étant persuadé que sa soeur avait le pouvoir de retrouver la maison de leur enfance, qu'elle figure sur le sol avec des éclats de verre colorés. D'instituts spécialisés en maisons de correction, Joseph est un enfant dévoré par une idée fixe : protéger sa soeur, mission dont il s'acquitte au prix fort (Ruggia en fait parfois trop sur les dégâts matériels consécutifs à ses évasions).

Les Diables négligent l'option psycho-sociétale sur l'enfance perdue et la surdité environnementale. Teinté de fantastique, le film s'élance, avec un réel bonheur de filmer, dans le sillage de ce tandem qui ne trouve de répit que dans une fuite incessante. Un mouvement perpétuel sans issue, interrompu par rien moins que l'irruption soudaine de la sexualité de Chloé, débordante (ne supporte plus de ne pas être touchée), aussi irréductible que son besoin de foncer droit devant elle, vers les arbres et la lumière.

Parole. Film fable, aimant l'histoire qu'il raconte sans chercher à lui faire