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Libération
Interview

Onze vues du 11 septembre

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Rencontre avec trois des réalisateurs de «11'09''01», film à sketches culotté mais disparate.
publié le 11 septembre 2002 à 0h56

Lorsqu'Alain Brigand a proposé à onze cinéastes de tourner un film sur le 11 septembre, il savait qu'il en résulterait des réalisations très inégales. Le contrat de départ : une durée identique (onze minutes, neuf secondes et une image) et des différences partout ailleurs (couleurs, visions, styles, langues). C'est l'intérêt et la faiblesse de cet objet commémoratif : il échappe à la convention par son hétérogénéité (quoi de commun entre Chahine et Loach, Lelouch et Penn, Ouedraogo et Imamura, Tanovic et Samira Makhmalbaf ?), mais pas à la malédiction des films à sketches. On y picore du bon grain au milieu d'un poulailler de lieux communs. On a donc choisi : Samira Makhmalbaf dans l'école coranique d'un camp de réfugiés afghans en Iran ; Amos Gitaï qui a le culot de filmer en plan-séquence un attentat à Tel-Aviv où une journaliste pète les plombs ; et Idrissa Ouedraogo offrant une inénarrable chasse au Ben Laden à Ouagadougou. Autour d'une table, ils confrontent «leur» 11 septembre et répondent aux polémiques qui n'ont pas manqué à propos d'un film parfois compris comme antiaméricain.

Votre souvenir du 11 septembre ?

Gitaï : Un événement brutal mais pas totalement étranger pour qui habite dans un pays soumis à des attaques terroristes. C'est l'une des rares fois où les Israéliens ne se sont plus sentis seuls : un autre peuple pouvait comprendre ce qu'était une politique d'attentats.

Makhmalbaf : J'ai d'abord pensé que c'était un film avec des effets spéciaux. Quand j'ai compri