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Libération

«Popstars», une frontière

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publié le 11 septembre 2002 à 0h56
(mis à jour le 11 septembre 2002 à 0h56)

Il arrive au cinéma une très bonne chose : on ne sait plus très bien ce que le mot recouvre. C'est le premier et surprenant bilan critique de ce jeune millénaire : la réflexion sur le cinéma déborde le cinéma, et l'idée de cantonner celui-ci au seul champ du film ressemble de plus en plus à une absurde dénégation.

Dénégation historique, puisque notre monde est engagé tête la première dans un brasier exponentiel d'images, un vertige délirant et parfois génial de la représentation, auquel le cinéma, qui en a été la précieuse forme primitive, continue de fournir les matrices esthétiques, sentimentales, techniques et romanesques (le clip, la pub, le jeu vidéo, la télé, tous cousins bâtards de cet enfant déjà glorieusement impur). Mais aussi dénégation sensible : avant de s'émouvoir, notre regard fait-il vraiment la part des choses entre ce qui relèverait d'un statut supérieur du cinéma et ce qui ne lui appartient pas ?

Il n'est pas encore très facile d'affirmer cette cuisante vérité du jour : parmi les deux plus beaux morceaux de «cinéma» visibles en cette rentrée, il y a, d'une part, le Principe de l'incertitude (en salles aujourd'hui, lire ci-contre) et, d'autre part, Popstars, l'ultramoderne télé-crochet de Pierre Quatrefages et Jérôme Korkikian (diffusé chaque jeudi soir sur M6). On aimerait convaincre que nulle contorsion snob ne vient corrompre cette affirmation : tout oppose peut-être en apparence ces deux extrémités du spectre des images, sauf l'essentiel, leur appartenanc