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Libération
Critique

Ahtila aux limites

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Dans «Love is a Treasure», la vidéaste finlandaise se penche sur des comportements «borderline».
publié le 18 septembre 2002 à 1h02

On pourrait appliquer, en 2002, à la culture de l'image la théorie développée par l'artiste Robert Smithson (1938-1973) pour parler de l'art qui s'est pratiqué à partir des années 1970 dans l'espace urbain ou sur le terrain de la nature. Selon lui, et pour aller vite, le parcours qui mène l'artiste à élire un lieu donné, pour en faire le site de son action ou en prélever des traces, modifie irrémédiablement le paysage, l'enlève à son état de nature. Mais, dans cet autre site qu'est le lieu d'exposition, l'artiste aura installé ces pierres, ces images, ces traces prélevées, mais éludées de leur contexte d'origine qui reste irrémédiablement absent. Cette dialectique entre la présence et l'absence, entre «site» et «non-site», est exactement ce que pratique le travail de Eija-Liisa Ahtila, une Finlandaise de 43 ans. Sauf que son lieu à elle, qu'elle visite, revisite et fait éclater en différentes parcelles, en des travaux distincts sur écrans, reliés et autonomes à la fois, c'est la narration.

Déclinaison. Pas n'importe quelle narration. L'ensemble récent qui porte le titre lyrique de Love is a Treasure (l'amour est un trésor) traite, sous forme de brefs récits, de la traversée par-delà la limite où les tickets de la raison ne sont plus valables. Une déclinaison d'états borderline. A l'hôpital, une fille refuse de sortir de la niche qu'elle a construite sous son lit, obligeant tous les autres à déplacer les meubles, les objets, tout, sauf elle. Une autre femme lit dans la signalé