«Notre capacité à fabriquer du virtuel dépasse désormais notre capacité à le détecter» : déclamé par Al Pacino, cet aphorisme donne au S1mÿne de Mike Niccol qui sort aujourd'hui (lire page suivante) tout son argument, et devrait aussi former tout notre souci critique. Dans ce bourgeonnement de la virtualité qui déboussole nos sens, il devient aussi crucial qu'urgent de tout oublier, de tout réapprendre et de commencer à recomposer l'idée que l'on se fait du cinéma.
Notre petit filet de saison, pour ne pas perdre de vue le papillon cinéma, c'est la téléréalité, qui est ce que la télévision peut produire de plus proche du cinéma. On pourrait le dire autrement : il y a plus de cinéma dans la téléréalité que dans la majorité des films qui passent à la télévision. Mais surtout, il y a dans la téléréalité le feu tout neuf d'un diamant mal dégrossi, l'alliage encore brûlant d'un chaînon intercalaire venu poser sa soudure entre télé et ciné, d'autant plus fascinant qu'il n'est encore aujourd'hui qu'au stade monstrueux et touchant de sa genèse.
The Osbournes, le feuilleton quotidien que propose MTV depuis la rentrée, est un spécimen explosif de cette excellente téléréalité, sauvagement spontanée et brillamment fabriquée, où les continents dérivants du cinéma, du documentaire et de l'entertainment viennent s'entrechoquer dans un cirque d'enfer, et où se disloquent aussi nos certitudes éduquées.
Feuilleton à l'arraché de la vie familiale du vieux rocker Ozzy Osbourne, ce show d'une espèce