Du portrait d'une humanité vaincue, on ne peut que ressortir à quatre pattes. Canicule, macération, intimité exposée des corps, la thématique climatique suffit à Seidl pour lâcher son oeil photographique au ras du bitume (sous influence de l'école allemande de photographie documentaire férue d'architecture urbaine, comme si Seidl avait zoomé sur quelques personnes dans une foule d'Andreas Gursky) et raconter six histoires mitoyennes, six auscultations de la barbarie intime. On songe à 71 fragments du hasard d'Hanecke, le condisciple incontournable, mais la violence explorée par celui-ci est événementielle et extrême. Celle de l'entomologiste Seidl appartient à la banalité du harcèlement quotidien, elle est indissociable de la tendresse humaine, ce qui rend son approche délicate.
Pas voyeuriste. «Si la majorité du public aime à ce point la violation de l'intimité et la représentation du sexe, c'est probablement qu'il y a un problème à ce niveau dans la vie des gens», dit Oliveira dans une récente interview (1). Il ne faut en tout cas escompter aucun bénéfice facile ou agréable de l'intrusion de Seidl dans l'intimité sexuelle de ses personnages. Pas de scène de cul spectaculaire, pas de déchaînement de coups, l'attente voyeuriste se casse le nez sur un coin de mur ou une piscine vide. La brutalité sourde de chaque situation, de chaque plan tiré au cordeau, glisse dans le meilleur des cas vers une mélancolie encore pire. Seidl épingle la chair dans les cadres de l'habitat qui a