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Libération
Reportage

La Ciotat remet l'Eden à flot

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En rénovant la salle de cinéma, la ville renoue avec les frères Lumière et veut dépasser son passé naval.
par Stéphane MALANDRIN
publié le 25 septembre 2002 à 1h07

La Ciotat envoyé spécial

A La Ciotat, face à la mer, il y a un vieux cinéma tout pourri qui s'appelle l'Eden. Fermé depuis 1982, il s'écroule, moisit sur place, se déglingue à force d'infiltration d'eau, de squats indésirables et d'entrée strictement interdite au public. Depuis 1995, on n'y pénètre qu'en bonne compagnie, celle ­ par exemple ­ de l'adjointe au maire, Jacqueline Peloux, déléguée à la culture et au patrimoine, et celle de Gilles Trarieux-Lumière, arrière-petit-fils de Louis Lumière. Qu'y voit-on, ou que vient-on y voir ? Un balcon rond à l'italienne noir de poussière, des tentures rouges qui s'effondrent, des coursives trouées d'humidité, une scène haute déglinguée. Mais, surtout, la plus vieille salle de cinéma du monde, du moins le dit-on, parce que toutes les autres salles datant de l'époque des frères Lumière, à Paris, à Marseille ou ailleurs, ont disparu, transformées, comme le rappelle Louis Jeansoulin, l'historien «officiel» de La Ciotat, «en galeries de vente ou en entrepôts, tandis que l'Eden est demeuré salle de spectacles, toujours debout, sans avoir jamais changé de destination».

La nouvelle invention. En 1890, lorsque Antoine Lumière, pater familias de la dynastie d'inventeurs, fait construire son château, le château du Clos des plages, situé face à ce qui s'appelle aujourd'hui l'esplanade Henri-Langlois, l'Eden existe déjà. C'est une salle de spectacles construite, comme le raconte Louis Jeansoulin, sur un terrain de 2 260 mètres carrés, faisant l'a