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Libération

Le défi politique

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publié le 25 septembre 2002 à 1h07

Nanni Moretti, Abbas Kiarostami, Michael Moore : chacun à sa fenêtre, ces trois cinéastes, antipodiques en esthétique comme en géographie, sont venus heurter le carreau de l'actualité politique globalisée. Le premier en participant in fine aux mouvements anti-Bersluconi qui ont lieu en Italie. Le deuxième en se voyant refuser un visa pour les Etats-Unis (où l'attend pourtant une pluie d'honneurs critiques). Le troisième en parcourant le monde pour promouvoir son brûlot antiarmes à feu, Bowling for Columbine, consolidant à cette occasion son statut d'emmerdeur numéro un du cinébusiness américain.

Les sauts périlleux contradictoires qu'effectue Nanni Moretti dans son rapport politique et citoyen à son pays ont peut-être un charme burlesque inouï, ils n'en sont pas moins le témoin de graves circonstances. Il y a quelque chose d'une émouvante figure à la Tati dans l'inconfort patent du cinéaste, sa lassitude lunaire du débat public. Depuis des lustres, Moretti est persécuté par ce tourment à la fois collectif, personnel et très italien. Il alterne les phases de détachement matois et celles où, n'y tenant plus, il trahit son propre voeu de silence, ne peut réprimer le besoin brûlant de mettre son grain de sel sur la nauséabonde pizza politique italienne. Aussi, lorsqu'il le fait, le fait-il avec cet embarras touchant, cette pudeur, cette peur du ridicule, de l'échec et de l'inutile vanité. Ce que trahissent les atermoiements de Moretti c'est tout simplement la difficulté pour un a