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Libération

Farocki, de réflexions

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A la Cinémathèque, la radicalité du cinéaste et critique berlinois.
publié le 2 octobre 2002 à 1h16

Sur un petit écran, le cinéaste se voit, presque trente ans plus tôt, en costume noir et cravate, assis derrière un bureau en professeur de sciences donnant un cours sur le napalm. «Comment vous donner une idée de ses effets ?» Le cinéaste-professeur s'écrase une cigarette allumée sur l'avant-bras. Le film noir et blanc date de 1969 (Feu inextinguible), celui en couleur de 1995 (Schnittstelle). Et le réalisateur, Harun Farocki, est toujours le même, cinéaste incendiaire qui met le sang de la guerre en bouteille (Etwas wird sichtbar, 1981), qui en fait un jeu d'enfant (Entre deux guerres), qui fait du monde son matériau de laboratoire (Bilder der Welt). C'est ce même cinéaste qui, littéralement, se torture sur la question de l'effet des images.

Fresque glaciale. C'est à une rétrospective rare que nous convie la Cinémathèque française en programmant une bonne part des films de Harun Farocki, cinéaste berlinois, ancien critique qui fut, de 1973 à 1984, rédacteur de la revue Filmkritik et dont il dit qu'elle a «sombré financièrement pour avoir voulu écrire sur des films sans dire au spectateur ce qu'il fallait en penser». L'occasion de découvrir une oeuvre radicale et foisonnante.

Nombre de ses films explorent avec l'obstination d'un entomologiste les rapports entre la guerre, la politique et l'économie. Des documentaires militants qui brossent une fresque glaciale de notre civilisation. Beaucoup aussi explorent l'image, le cinéma et la peinture, avec la même obsession de comprend