Marrakech envoyé spécial
Lundi 20 mai, Elia Suleiman provoque le premier choc du festival de Cannes. La projection officielle a tout juste commencé qu'un rire dévastateur parcourt les travées du grand auditorium Louis-Lumière. D'autres spectateurs s'offusquent que l'on puisse rire de si bon coeur de la tragédie qui préoccupe le monde, entre Ramallah et Jérusalem. Mais tous reconnaissent le brio d'Intervention divine, entre pamphlet et burlesque. Cela arrive parfois sur la Croisette : un cinéaste est en train de devenir l'objet de toutes les attentions.
Coup de chaud. Jeudi 19 septembre, le même Elia Suleiman, quatre mois plus tard, est passé en coup de vent au Festival international du film de Marrakech. Le ludion palestinien, les yeux pochés de trop de nuits blanches et tristes mais l'oeil toujours allumé par une lueur caustique, est un peu comme Saint-Jean-Baptiste dans Je vous salue Marie de Godard. Il a pris froid dans l'avion mais, dès l'arrivée, il pique un coup de chaud contre les organisateurs pour une sombre histoire de protocole. Et distribue des claques d'entrée. Pourquoi n'est-il pas dans le même hôtel que Lynch, le président du jury de Cannes, qui a beaucoup milité pour son Prix spécial du jury et commencé à lui dire tout le bien qu'il pensait de lui dans l'avion ? Pourquoi l'a-t-on invité à un colloque dans le seul but de le faire «dialoguer» avec l'Israélien Amos Gitaï qu'il connaît depuis des années ? Il a tout fait pour ne pas se retrouver dans cette situation