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Faux cul

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Le porno, miroir embarrassant, riche et divers de notre société, mérite mieux que le «débat» désespérant et caricatural ouvert par ceux qui veulent sa censure à la télévision.
publié le 9 octobre 2002 à 1h21

Le cinéma porno sera-t-il interdit de diffusion à la télé ? C'est la décision qui sera peut-être bientôt prise, au terme de la réflexion que mènent simultanément le Conseil supérieur de l'audiovisuel (dont seule la position du président Baudis est connue : résolument favorable à l'interdiction), le gouvernement (et ses tendances contradictoires : Aillagon s'est prononcé lundi contre la censure, les autres seraient plutôt pour, Chirac indifférent) et les médias qui semblent extrêmement partagés.

Vérités oubliées. Les spécialistes de la prise de parole et du lobbyisme (associations puritaines, familiales, fédérations de parents d'élèves, etc.) font leur travail en exprimant leurs désaccords ou désarroi. Mais la société civile semble regarder la polémique de loin, sans voir qu'elle converge pourtant vers un faisceau d'événements qui voudraient tous remettre de l'ordre dans nos moeurs : censure littéraire, artistique, criminalisation de la prostitution, etc. Focalisé autour de la question de l'accès «clandestin» des adolescents et mineurs aux programmes pornographiques de certaines chaînes cryptées, satellitaires ou câblées ­ malgré la présence de codes verrous ­, ce débat, dans ses termes actuels, place sous le boisseau toute une série de vérités embarrassantes.

D'abord, le «porno» n'est pas un monolithique continent du mal : en parler sans discernement revient à mettre dans le même sac des mondes très divers et même antagonistes. Le X est un univers qui développe par lui-même se