Pour ce qui concerne le paysage dans lequel évolue le critique ou le cinéphile, le porno appartient de plein droit au cinéma. Sa légitimité dans l'histoire des formes et des représentations est indiscutable. Et il serait contraire à la justice cinéphile d'exclure de sa sphère d'intérêt tel ou tel pan de son objet d'étude qui ne lui conviendrait pas. Ce dont a éventuellement besoin le spectateur, c'est d'une boussole, de repères, d'informations. Le tri critique : oui. La morale : non.
Ce spectateur de films X est d'ailleurs le grand absent des réflexions et débats en cours. Ce mutisme est à la fois conforme à une certaine mécanique sociale (ce modus vivendi qui permet l'existence du porno à condition qu'il ne s'affiche pas : les revues sont sous cellophane, les sex-shops ont des vitrines aveugles, la télé repousse le X après minuit et le tout est strictement interdit aux mineurs), mais ce silence trouve également une partie de ses origines dans la nature même du rapport que l'amateur entretient avec le porno, puisque cette activité, nécessairement particulière, relève des sphères les plus intimes et privées de l'individu.
Pourtant, cet amateur solitaire, ce grand silencieux, il consomme en masse et il a les apparences de M. Tout-le-Monde, contrairement à ce qu'un certain racisme social sous-entendu laisse souvent croire. Commun et anonyme, peu enclin par définition à s'exposer, l'amateur de porno est du même coup très difficile à cibler et à définir. Il est certes très majorita