Il est rare qu'un livre s'invente une forme nou velle pour parler d'un genre de cinéma nouveau, mais c'est pourtant ce qu'avait accompli Peter Biskind il y a quatre ans avec son sensationnel Easy Riders, Raging Bulls, ou «comment la génération sex-drugs-and-rock'n'roll a sauvé Hollywood». Il faut préciser aussi qu'il s'agit d'une période, grosso modo les années 70, qui, par sa ferveur artistique, nous semble aussi éloignée que l'époque du muet. Vingt ans d'abrutissement et d'infantilisation allant de Star Wars à The Matrix se sont chargés d'expédier cet âge du cinéaste roi aux oubliettes. Ainsi, le titre français risque d'induire en erreur, ce «Nouvel Hollywood» étant aujourd'hui plus mort et enterré que l'âge d'or du studio-système abondamment illustré et recyclé par le câble.
Des réalisateurs-auteurs détaillés dans ce livre, les seuls à avoir survécu sans dommage ni trop de changements sont Spielberg et Lucas, les deux annonceurs de la fin des haricots. Dans le peloton des éclopés, Schrader continue bon an mal an, plutôt bien que mal ; Altman disparaît et réapparaît comme le monstre du loch Ness, en forme et en méforme ; Friedkin est décevant depuis Police fédérale, Los Angeles, Coppola depuis toujours. Et une rétrospective Hal Ashby ou Bob Rafelson serait paradoxalement plus coton à organiser qu'un cycle King Vidor, vu l'état lamentable des copies et des négatifs et le manque d'intérêt général pour leur sauvegarde.
Bâton de dynamite. Entre 1967 (Bonnie et Clyde) et 1980 (la