Menu
Libération
Critique

Si singulier «Blissfully Yours»

Article réservé aux abonnés
Salué à Cannes, un film contemplatif et très exact du Thaïlandais Weerasethakul.
publié le 9 octobre 2002 à 1h21

A Cannes, en mai dernier, Blissfully yours fut un des premiers films projetés de la sélection Un certain regard. Ce fut toute une affaire, il n'était plus question que de ce miracle thaïlandais où l'on voyait, entre autres merveilles contemplatives, une érection en temps réel ­ ce qu'à une époque de furie théorique, on n'aurait probablement pas hésité à qualifier de «pur bloc de durée». Chez le Jean Genet de Querelle, quand les marins bandent, ils disent : «Je marque midi !» Ce film aussi, donc, marquait midi, tant et plus que, zénith sexuel et esthétique, il a rapporté à son auteur, un jeune vidéaste, Apichatpong Weerasethakul, le prix Un certain regard.

Dans le détail. Blissfully Yours appartient à cette catégorie de films dont il est difficile de parler parce qu'il repose en grande partie sur un plaisir de la découverte, l'hypothèse d'un oeil vierge s'avançant degré par degré dans un corridor d'images et de sensations. Comme récemment pour le Ten de Kiarostami, l'importance du dispositif, la ténuité apparente des péripéties révèlent en creux la richesse des événements narratifs ainsi que l'étoffe documentaire du moindre plan.

La première scène dans un cabinet de médecin, la manière dont le malade est examiné, la présence d'une assistante qui a l'air de faire aussi office de secrétaire, la façon dont le client suivant entre dans le cabinet avant même que les précédents aient quitté les lieux, la couleur du rideau obturant la vitrine donnant sur la rue, chaque détail ici pren