Soixante-deux ans presque jour pour jour après sa première à New York, le Dictateur ressort à Paris et dans la France entière avec quelque 200 copies. La force de frappe d'une sortie contemporaine, au service de la résurrection d'un film qui a retrouvé son éclat originel grâce à une scrupuleuse restauration, visuelle et sonore, effectuée à la Cinémathèque de Bologne. Et le premier acte d'une entreprise de remise en lumière de l'oeuvre de Chaplin menée par MK2. Au début de l'année, le groupe de Marin Karmitz a en effet obtenu des héritiers du cinéaste les droits mondiaux (pour douze ans) de son catalogue : onze longs métrages, plus six courts ou moyens métrages. Derrière ce contrat, un engagement moral, que scande Philippe Aigle, directeur général de MK2 : «Mener sur l'oeuvre de Chaplin un travail qui remette ce dernier à sa vraie place : celle de l'un des plus grands artistes du siècle.»
Les films de Chaplin ne sont pas ressortis en France depuis une vingtaine d'années et ne sont plus guère montrés à la télévision. «Aujourd'hui, constate Nathanael Karmitz, responsable du label MK2 édition et de la stratégie DVD, les deux images que les gens citent le plus facilement sont celles de Charlot pris dans les rouages géants des Temps modernes, et du dictateur jouant avec son globe terrestre.» Outre cette forte notoriété, le film est parlant, sans doute un avantage auprès des jeunes générations.
«Résonance». Chez MK2 cependant, on dément que cette considération ait été déterminante :