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Libération
Critique

Sous les jupes des filles

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Dans «Choses secrètes» de Brisseau, deux donzelles mènent le sexe et la danse.
publié le 16 octobre 2002 à 1h25

Mettons un prof, acharné à tenir sa classe en haleine, qu'un jour un genou, au fond de la classe, frappe comme un éblouissement. Ce genou (de Claire?) en fait avait mûri en lui depuis la nuit des temps, il était né pour ce genou (et tout ce qui va avec). Jean-Claude Brisseau est ce prof qui décide de suivre la voie que ce genou, à la manière de Gombrowicz, lui indique, sachant, mais feignant d'ignorer, que le ridicule le tuera, que le dérisoire de l'entreprise l'exténuera, que ça finira mal ou n'en finira jamais.

Permissivité. L'auteur de Noce blanche est l'un des très rares cinéastes à oser filmer ses fantasmes et ceux des autres à leur hauteur. Sans distance, sans précaution, avec une franchise qui est la condition même de leur avènement, sans autre maniérisme que celui qui appartient en propre au régime esthétique de ses lubies : celui du cliché. Images toutes faites, de mauvais goût, dérisoires à force de caricature, mais d'une force de persuasion renversante, car s'accordant une permissivité absolue vis-à-vis de la réalité, puisque celle-ci finalement ne demande qu'à être maltraitée, «ironisée», affranchie de la vraisemblance.

Un prof découvre la vie en glissant sa main entre les cuisses d'une midinette. La banalité de ses fantasmes ne l'effraie pas. Les prenant au sérieux, il les rend grandioses. Le prof ne découvre pas seulement, ébloui, le mystère suranné de la fausse innocence d'une nymphette (remember Vanessa Paradis), il découvre que c'est par son regard à lui qu'el