Faudra-t-il coller aux films, comme aux steaks, des certificats de traçabilité pour savoir d'où vient ce que l'on consomme en salles ? Depuis quelques mois, on voit pas mal de choses bizarres sur les écrans : projections électroniques d'oeuvres tournées en 35 mm, tentatives de «vrai» cinéma numérique, exploitations de films transférés sur pellicule après tournage en vidéo numérique, vidéoprojections de DVD... Même les films 35 mm deviennent des objets hybrides lorsqu'ils sont convertis en haute définition numérique à la postproduction. Résultat, le spectateur ne sait plus trop à quelle qualité d'image s'attendre, ni à quel saint se vouer.
Réunion. En l'occurrence, le «saint» s'appelle Commission supérieure technique de l'image et du son (CST). Pour elle, c'est une expérience, cet été à Paris, qui a mis le feu aux poudres : la présentation en vidéoprojection du superclassique Pandora, d'Albert Lewin, au Reflet Médicis (Libération du 23 août). Comme il n'existe plus de copie argentique exploitable, il fallait soit en restaurer une mais le coût, 38 000 euros environ, était prohibitif , soit faire une projection électronique à partir d'une cassette numérique utilisée pour la télédiffusion, au prix d'une forte dégradation de l'image. Simon Simsi, détenteur des droits, a opté pour cette dernière solution.
Jeudi dernier, la CST a réuni au Reflet Médicis des professionnels, qui furent unanimes : «qualité terrifiante, désespérante», «massacre du patrimoine», «autant voir ça chez soi