Le titre parle d'une dette de sang, mais Eastwood lui-même depuis dix ans bénéficie d'une créance d'indulgence critique à la mesure de l'incompréhension, voire du mépris, de ceux (souvent les mêmes) qui lui font aujourd'hui crédit en dépit d'un déclin évident. Nonobstant les seconds degrés et alibis auteuristes qu'on a pu lui trouver, Eastwood n'a pas fait un vrai bon film depuis Un monde parfait, mais ils avaient presque tous un charme ou quelque chose à sauver. Le marasme à peu près complet de cette Créance de sang désole et surprend d'autant plus qu'Eastwood retourne ici au genre policier qui l'a toujours bien servi. Et pas n'importe quel policier : un best-seller solidement construit, peut-être le meilleur roman du populaire Michael Connelly.
Couleuvres. Mais avec Terry McCaleb, ex- «profiler» du FBI récemment greffé du coeur qui, évidemment, reprend du service contre l'avis de tout le monde, l'acteur ne peut plus vraiment nous épater en jouant encore une vieille baderne essoufflée portant bien ses cicatrices et ses fesses en goutte d'eau. Et devant pareille léthargie de la mise en scène on ne peut parler de maturité ni de simplicité élégiaque non plus : le script est tellement pourri qu'il aurait fallu un Eastwood au mieux de sa forme pour nous faire avaler pareilles couleuvres. Or il nous fait ça à la paresseuse, comme un 18 trous de plus au country-club.
La médiocrité des matériaux et des scénars a souvent été un problème pour Eastwood, faiblesse à laquelle il remédiait