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Libération

Les Dardenne in vivo

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A Seraing, les frères belges ont tourné tous leurs films, dont ce nouveau «Fils». Reportage dans leur sillage.
publié le 23 octobre 2002 à 1h30

Seraing

envoyé spécial

Les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne sont nés au cinéma au mois de mai 1996, à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes où ils présentaient la Promesse. Ce n'était pas leur premier film mais c'est avec celui-là qu'ils ont été connus et reconnus. Personne n'en a oublié le choc : la fable sèche et lumineuse du jeune Igor et de son père fait encore tinter son cristal tragique dans la mémoire cinéphile. Sorti à l'automne suivant, le film rencontra un succès inespéré à son échelle économique, très modeste. Trois ans plus tard, deuxième coup de tonnerre : au terme d'un festival houleux, le président du jury, David Cronenberg, provoque l'hystérie avec un palmarès révolutionnaire au sommet duquel trône Rosetta, palme d'or 1999. Quatrième long métrage des Dardenne, cette bouleversante étude d'une jeune ado sauvage abandonnée par le monde multipliait Mouchette par le Petit Chaperon rouge : solennité du filmage et valeur fondatrice d'un conte moderne utile à tous, où la fiction la plus pure et brutale met en lumière la violence exercée sur les démunis par l'économie libérale. Depuis ce film, qui est une sorte de paradoxale fierté nationale sur une réalité honteuse, la Belgique a d'ailleurs inventé, dans sa boîte à outils gouvernementale, le concept de l'«emploi Rosetta», qui labellise la politique d'aide aux jeunes chômeurs... Trois autres années plus tard, les Dardenne étaient encore fidèles au rendez-vous de Cannes, avec cette fois leur grand et beau