Pour avoir quasi exclusivement raconté des histoires de yakusas ces quarante dernières années, le cinéma japonais aura fini par ressembler comme deux gouttes d'eau à la pègre. Tous les stigmates sont réunis pour qu'on croie voir en lui une réunion de malfrats à la tête de laquelle le bad boy Takashi Miike fait désormais figure de seigneur. Prolifique, cruel, satirique, borderline, balafré, il est à lui seul aussi imprésentable que l'addition de tous ses lieutenants, ses films s'imposant comme la radicalisation suprême de tout ce que le cinéma japonais continue d'incarner en matière de sexualité barrée et de sophistication sadique.
Veine sale. Chacune des quatre à cinq oeuvrettes que le petit maître foutraque réalise chaque année recouvre l'intégralité du prisme nippon, reprend à son compte toute l'imagerie d'«Epinal» qui nimbe l'Orient au cinéma pour s'employer aussitôt à la déborder. Après seulement six ans d'activité, Miike est capable d'intégrer dans ses films les acquis sexy frappadingues de la décennie des pink movies (celle des Wakamatsu), tout en poussant plus loin le bouchon du scandale : inceste, torture, nécrophilie, etc. Ceux nombreux qui se sont rués sur Audition, sorti en France au printemps, savent déjà cela. Ou du moins croient-ils le savoir. A-t-on averti le type qui, lors de la projection de cet opus dans un des grands complexes de la capitale, se mit à vomir son quatre-heures, qu'Audition restait ce que Miike avait enregistré de plus propre, de plus soi