Après le succès de la Bûche, comédie familiale 1999, Danièle Thompson tente le super-banco avec Décalage horaire. Personne n'a pu échapper à la campagne d'affichage hideuse défigurant ces jours-ci nos belles villes de France, double portrait sur fond blanc du duo de stars faisant office de casting quasi exclusif du film, Juliette Binoche et Jean Reno. Lui parvenu au stade ultime de la mise en plis catastrophe, elle figée en éclat de rire nigaud, on peut dire qu'ils ont été servis. Un procès s'impose, cette accroche marketing a de quoi décourager le chaland. Pourtant Décalage horaire mérite le détour, bien écrit, joué, troussé, amusant.
Danièle Thompson a de la bouteille, une longue carrière de scénariste auprès de son père Gérard Oury (la Folie des grandeurs, les Aventures de Rabbi Jacob), de Claude Pinoteau (la Boum 1 et 2), d'Elie Chouraqui (les Marmottes) et de Patrice Chéreau (la Reine Margot, Ceux qui m'aiment prendront le train). Comme pour la Bûche, son premier long métrage en tant que réalisatrice, elle cosigne le scénario de Décalage horaire avec son fils Christopher. Le côté «sur le métier, toujours tu remettras l'ouvrage» est sensible à la vision du film, les gags sont réfléchis, tombent selon un timing ajusté. Evidemment, si Danièle Thompson lorgne la comédie américaine classique des années 50, on peut toujours lui rétorquer que son film évoque surtout les riches heures d'Au théâtre ce soir. Il faudrait encore trouver la comparaison déshonorante, elle ne l'est pas