1955. Je nais à Paris. Mes parents me transportent à Rome où ils habitent. Mon père écrit un film pour Riccardo Freda, d'après Stendhal : Béatrice Cenci.
1956. Retour à Paris. Mes parents s'installent près de l'Etoile, dans un appartement sur cour, sombre. Je passerai mon enfance à circuler entre cet endroit sinistre et la vallée de Chevreuse où mon père a une maison. Lorsque je commence à parler, c'est en hongrois, langue de ma mère.
1960. Mon père voyage en Asie. Ma mère, styliste, a créé sa maison de couture. Mes parents ne sont pas beaucoup là. La marraine de mon plus jeune frère, Michka, m'emmène voir Ben-Hur, le Cid, la Conquête de l'Ouest, les Révoltés du Bounty...
Printemps 1968. J'adhère avec un enthousiasme brouillon aux thèses les plus radicales. La grève interrompt les cours, il fait beau, je passe mon temps dans les sous-bois de la vallée de Chevreuse. J'adhère à l'Organisation révolutionnaire anarchiste dont je diffuse le journal : l'Insurgé.
Eté 1968. Echange linguistique : je vais à Londres. A Carnaby Street, que je filme avec ma caméra super-8, c'est l'apogée de la mode psychédélique que j'observe avec des yeux écarquillés.
Eté 1970. Je commence à peindre, ce qui me permettra de survivre. Pendant dix ans, ce sera le centre de ma vie.
Eté 1971. A Dublin, premier concert de rock : The Nice, Yes, Bonzo Dog Band... Le même été, mon père m'emmène en Inde et au Népal. Le choc de ma vie. Je vois le Gange en crue à Bénarès, les hippies à Katmandou, j'achète du haschisch à