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Libération

«Dérapages incontrôlés» «Insomnia»

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par BAYON
publié le 13 novembre 2002 à 1h45

Ben Affleck fait un Gavin wasp plus selbyen que nature. Samuel Jackson, qui touchait le fond moumouteux dans le grotesque XXX, ratatouille beauf à tatouages considérée par la critique sérieuse, revit en Doyle Gibson pelé.

Boira-t-il la tasse ou le calice de la négritude jusqu'à la lie ? Et son vis-à-vis blanc, le jeune avocat marron, dans ce Bûcher des vanités repiqué de Tom Wolfe (l'incident de circulation entraînant la machinerie infernale), choisira-t-il la perdition cool ou le salut ardu ?

Ce mélo-thriller pourrait s'appeler «Tempête sous un crâne», tant il est conforme au fameux plan-séquence hugolien des Misérables. La caméra zoome le cuir chevelu pour montrer

ce débat intérieur. Dans le trafic de dilemmes où se trouvent précipités nos héros, le yuppie s'en tire un peu bien,

vu son inconduite aggravée par rapport

à l'autre bougre d'alcoolique anonyme, défini comme «accro à l'échec».

On se passerait bien de l'Eglise qui choisit ce moment-là pour ouvrir grand sa porte étroite, mais comment y couper dans ce contexte éthique US à la croisée du fric («in God we trust»), du droit et de la morale ­ qui n'ont rien à voir ; d'où Dérapages plus ou moins incontrôlés...

Cependant, le filmage a des états d'âme, dévisageant l'épouse du juriste (émouvante délaissée à peine sordide : Amanda Peet), ou bien, passé un travelling accéléré au ras du macadam repris de Lelouch, caressant un car d'enfants musiciens, où deux clarinettistes noirs répètent sur fond techno automnal ­ déphasage ambient v