Olivier Assayas n'est pas homme à refuser de voir cette réalité en face : au terme de sa première semaine d'exploitation, demonlover est un échec. A Paris, le film a «réalisé», comme on le dit avec une cruelle insouciance, 19 953 entrées en 24 salles et 6 jours, ce qui est très insuffisant. D'un strict point de vue critique, on devrait pouvoir se foutre complètement des scores obtenus par les films que l'on chérit, l'important étant d'abord qu'ils existent : que leurs auteurs aient pu les tourner puis qu'ait été donnée aux spectateurs la possibilité de les voir. Après tout, tant pis pour eux s'ils n'ont pas voulu la saisir. Mais avec demonlover, ce raisonnement ne suffit pas à maquiller une amertume particulière : l'échec du film, cette fois, n'est pas seulement celui de son metteur en scène, qui en assumera sa part. C'est aussi l'échec de la critique et d'une certaine façon celui du public, qui manque là un important rendez-vous. Car ce loupé collectif a quelque chose d'un acte manqué : demonlover est le film dont nous avons tous besoin pour continuer à avancer. Le seul en tout cas à nous tendre la main (et à soutenir notre regard) au-dessus du précipice des images où le monde contemporain a choisi de s'immerger.
Il y a sans doute dans le sujet profond de demonlover, et dans son traitement, une irradiation spécifique qui intimide, bouleverse et anéantit le regard comme la position critique. Même lorsqu'il a été recommandé par des médias réputés bienveillants à l'égard de l'o