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Libération
Interview

La dernière lettre

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Avec Catherine Samie pour unique interprète, première fiction bouleversante du documentariste Frederick Wiseman : la lettre d'adieu d'une mère juive à son fils, avant son exécution par les nazis.
publié le 13 novembre 2002 à 1h45

Dans un français impeccable, il dit «Catherine» en parlant d’elle. Elle, Catherine Samie, parlant de lui, dira tout au long de l’entretien, «monsieur Wiseman», ce qui tombe sous le sens puisque Frederick Wiseman est un (grand) monsieur. L’un des plus grands «documentaristes» vivants, l’observateur rigoureux, implacable, des désordres de la folie (Titicut Follies, 1967) et des règles déréglées de notre monde (High School, Law and Order, Near Death, Primate, Basic Training, Welfare, Central Park, la Comédie-Française,...). On pourrait citer la quarantaine de films réalisés en trente-cinq ans, tant ils ont compté. Ce «monsieur Wiseman», d’une politesse exquise et d’une admiration sans partage, n’est pas exempt non plus d’une palanquée d’humour. Le dialogue ayant lieu au foyer des acteurs de la Comédie-Française, joli boudoir décoré des ors du Théâtre français, Catherine Samie, madame le doyen des lieux, commence par nous alerter sur le tapis que nous foulons, quelconque en vérité. Elle n’a cure de notre hypothétique science du point noué, car il s’agissait de placer «qu’auparavant il y avait là un magnifique Aubusson qui est parti au mobilier national, autant dire qu’on ne le reverra jamais...» Après une pareille bonne humeur dont Wiseman se réjouit du coin des yeux, il paraît un rien difficile d’enchaîner sur la Dernière Lettre, monologue filmé d’une mère juive ukrainienne quelques heures avant son exécution par les Allemands. Et pourtant si. C’est forcément la bonne hu