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Libération
Interview

Mes dates clés, par Werner Schroeter.

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publié le 13 novembre 2002 à 1h45

«7 avril 1945. Naissance à Georgenthal, en Thuringe (Allemagne), quatre semaines avant la fin de la guerre.

1958. L'amour, c'est Siegfried. Alors que ma grand-mère polonaise me serre la vis, Siegfried m'est arrivé comme une étoile tombée du ciel. Je l'adorais, c'était heureux. Ses parents étaient furieux et le détestaient. Il s'est pendu. On a retrouvé Siegfried plus tard, dans le grenier, car ça puait.

1962. Premier concert, à Munich, où je vois Maria Callas, qui chante l'air ô temps fatal de Don Carlos. C'est la personne la plus importante de ma vie. Quand elle s'est mise à chanter, elle était comme une messagère. Et quand on l'écoute, on n'a plus besoin de la musique.

1964. Rencontre avec Walter. Je tombe tellement amoureux de lui, de son corps, que j'en suis resté à bout de souffle. Ma vie est banale, des rencontres et des morts, uniquement l'autre, l'autre, l'autre. J'ai toujours voyagé avec l'amour et la mort, mais il ne faut pas pousser jusqu'au pathétique. Ce serait du mauvais goût. De temps en temps, simplement, je me sens affaibli par la douleur.

1965. Rencontre avec Magdalena Montezuma, actrice avec laquelle j'ai travaillé jusqu'à sa mort, jusqu'au dernier film tourné ensemble, le Roi des roses, en 1984.

1967. Un jour de décembre, j'ai perdu la peur, définitivement. Depuis, je n'ai plus peur de rien, ni de la mort, ni de la violence. Adieu les angoisses. Ce jour-là, j'étais un peu malade, les intestins. Et je suis tombé amoureux d'un homme, à Knokke-le-Zoute, pendant l