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Libération
Critique

Un Ghana d'allumés

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Sète expose des affiches aux coloris agressifs réalisées pour les vidéoclubs.
publié le 13 novembre 2002 à 1h45

Le Vidéo théâtre, le Rex minithéâtre, le Waikiki minithéâtre... Ne pas s'y fier : ces noms pompeux recouvrent des bâtisses effondrées. Quatre bancs épuisés, un téléviseur de fortune, un sol en terre battue, les salles de quartier, à Accra au Ghana, n'ont qu'une lointaine parenté avec leurs homologues parisiennes. Elles rappelleraient davantage les baraques foraines des premiers temps, lorsque le cinéma incendiaire fut voué au purgatoire. Avec des cassettes donc, en guise de films, forcément pirates, fournies sous le manteau par des «vidéoclubs», dealant du karaté movie, du Stallone et du Jackie Chan comme d'autres des expédients. Un trafic d'icônes à bas prix, qui jamais ne s'accompagne d'une quelconque matière promotionnelle officielle.

Gisement. Durant vingt ans, les loueurs ont donc demandé à des peintres d'enseignes de leur faire l'affiche, d'improviser après visionnage de la cassette, des fresques hallucinées, faites à la laque glycérophtalique industrielle, sur des toiles de jute retournées, anciennement sacs à riz, à blé, futurs sacs à puces, et pour l'heure affiches de cinéma. Pascal Saumade, au Musée international des Arts modestes (Miam), a voulu faire une exposition avec cette matière encore peu exploitée, comme s'il trouvait là un gisement miraculeux qui illustrerait au mieux son propos : au croisement des pratiques quotidiennes de la culture et de la création d'un art bricolé et commun. Le commissaire de l'exposition sétoise a ainsi sillonné en taxi-brousse la mo