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Libération

Cas de conscience

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publié le 20 novembre 2002 à 1h50

Bien sûr, dans le rapport rendu au président de la République par la commission sur la violence à la télévision, il y a quantité de points à contester : des jugements inadmissibles sur certains films, des amalgames navrants, des formules méprisantes et étroites. Il s'y exprime aussi, en filigrane, une vision inquiétante et violemment réactionnaire du cinéma, qui nous rétro bombarde au crépuscule du XIXe siècle là où on prétend éclairer l'aube du XXIe. Mais, avant même de pouvoir lire ou entendre les discours que cette commission essaie de nous vendre, un véritable cas de conscience vient les masquer : à quel titre devons-nous les apprécier ? Avec quelles oreilles, quels souvenirs ? Quel crédit pouvons-nous accorder comme ça, d'office, à des gens que nous ne connaissons pas et qui pourtant souhaiteraient intervenir dans notre chair morale, c'est-à-dire notre vie la plus intime ? Il ne s'agit pas de contester l'existence de cette commission, ni sa composition, ni même la qualification de ses membres (encore que, pour certains, on s'interroge). Mais pour que l'on puisse avoir envie de prendre un minimum au sérieux les graves propos qu'une telle commission voudrait exprimer aux Français, il faut d'abord que celle-ci jouisse d'une légitimité limpide. Pour être audible, ce rapport tant attendu doit nous parvenir dans la sérénité politique requise, sans rien qui vienne brouiller le fond des débats que l'on prétend éteindre ou soulever. Ce n'est pas le cas. Et c'est largement la fau