Avec James Coburn, mort d'une crise cardiaque, disparaît un grand acteur américain, l'un de ceux qui parvenaient à donner élégance et tempérance aux personnages de brutes les plus épaisses. Au long des années 60 et 70, tel Clint Eastwood ou Steve McQueen, à la fois ses rivaux et ses amis, il a promené sa longue silhouette déliée, imprimant sur ses plus de cent vingt rôles une nonchalance dérapant parfois en cascade de sarcasmes.
Né à Laurel dans le Nebraska, il suit ses parents qui s'installent en Californie alors qu'il n'a pas 5 ans. Son père est garagiste à Los Angeles. L'adolescent est cinéphile, il travaille dans un cinéma et voit six films par jour, avec une prédilection pour Mickey Rooney, Marlon Brando et Monty Clift ; musicien, il tape les timbales dans une formation de jazz ; comédien, il joue dans les pièces du lycée ; et chanteur puisqu'il est le grand gars de la chorale municipale. «Trouve-toi donc un vrai boulot», lui aurait dit son père, à 18 ans, tandis que sa mère, en catimini, encourage sa vocation artiste.
Propulsé par la télé. En 1951, après l'armée, Coburn exauce le voeu maternel au cours d'art dramatique du Los Angeles City College, y vivant un «apprentissage très heureux» du théâtre. Il joue Billy Budd, obtient sa carte du syndicat des acteurs et file à New York. C'est, au milieu des années 50, la vie pied au plancher : première audition, premier rôle. Il devient l'une des jeunes stars de la nouvelle vedette américaine : la télévision. Les séries s'ensuiv