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Libération
Critique

Le culot de Nolot

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Confinée à une salle de cinéma porno, «la Chatte à deux têtes» est le deuxième long métrage, âcre et poignant, de l'acteur-cinéaste.
publié le 20 novembre 2002 à 1h50

Il est dans la nature des coïncidences de tomber à point. La Chatte à deux têtes, second film de Jacques Nolot, sort six jours après le rendu officiel du rapport Kriegel sur la violence et la pornographie à la télévision (Libération du 15 novembre), qui, sous couvert de croisade pour nettoyer le bocal télévisuel de ses influences néfastes sur la petite enfance, propose rien moins que de refroidir l'aquarium cinématographique de ses plus chauds courants.

Le cinéma français étant économiquement pieds et poings liés au bon vouloir des chaînes, c'est par conséquent tout le contenu des films qui se retrouverait soumis à telle censure. La télévision, pour qui un film n'est un programme rentable que s'il est diffusable à un horaire décent, serait ainsi amenée à demander aux cinéastes de revoir leur copie pour qu'elle n'effarouche pas trop les prépubères (et surtout ceux qui vont juger de ce qui leur convient), sinon le robinet se couperait immédiatement.

Film-lettre. La réponse appropriée à cette épuration tient en une heure vingt-sept d'un film à la sérénité fière. Il y a un an et demi, aucune télévision n'avait voulu entendre parler de la Chatte à deux têtes parce que son réalisateur, l'acteur Jacques Nolot, scénariste de Téchiné, auteur en 1998 d'un premier film autobiographique splendide, l'Arrière-Pays, avait choisi de s'en tenir à un décor unique : une salle porno de quartier. La Chatte à deux têtes est pourtant ce film que télévision et cinéma devraient prendre en exemple : ce