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Libération

Beineix, cinéaste civil

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publié le 27 novembre 2002 à 1h54

Dimanche, sur France 5, Blandine Kriegel a transformé ce qui devait être un important débat autour du cinéma en un sommet de ridicule télé (Libération d'hier). Mais en quittant le plateau d'Arrêt sur images, la présidente de la commission sur la violence à la télévision a aussi rendu service aux intérêts du cinéma : le champ était libre pour s'interroger sur le cas de celui qui devait être son contradicteur, le décidément étrange monsieur Beineix.

Depuis Diva, l'oeuvre, le parcours et la position de Jean-Jacques Beineix dans le paysage sont placés sous le signe de paradoxes compliqués. Raté par la critique, trop brutalement porté aux nues par un métier qui l'a vu en sauveur, puis durablement sous-évalué, Beineix a produit plus de malentendus qu'aucun autre cinéaste de sa génération. Sans qu'il le désire, son nom a même servi d'étendard contre tout un pan du cinéma français des années 80 : l'arrivée de Beineix, c'était le loup dans la bergerie ; l'intrusion d'une forme inédite de commerce artistique dans la quiétude auteuriste ; le débarquement d'une esthétique qui ne craignait pas de s'associer dans ses formes aux catégories suspectes de la photo de mode, du vidéoclip et de la publicité. Cela lui a valu une mise au ban sévère par une critique qui identifiait cette alternative à une menace. C'est pourtant Beineix lui-même qui sera la première victime du système dans lequel il venait de s'introduire : l'échec sévère et coûteux de la Lune dans le caniveau sera son boulet.

Beineix