Heaven commence mal, avec une connasse terroriste (pléonasme) ; et puis non, pas tout à fait. C'est une passion qui se joue, l'embrigadement rouge n'était qu'un fond d'époque, le meurtre aveugle un prétexte. Un engourdissement maniériste gagne le film, de prélude en prégénérique : pilotage montueux d'hélico virtuel sur voix off somnambulique («Jusqu'où puis-je monter trop haut ?»), coma, puis mini-thriller compte à rebours (tic-tac-tic-tac), coma, et intrigue proprement dite, recueillie.
Film allemand turinois parlant italien et anglais d'après script de Kieslowski mort, Heaven débute, comme bien des livres, au sommeil, pour y revenir. «J'ai hâte d'en être à la fin», languira bientôt l'héroïne lasse, Ophélie froide vaguement batracienne, plus symboliste que raphaélite, dans une chapelle paysanne, en réponse à un «Je t'aime» évidemment impossible. C'est qu'elle a «renoncé à croire, aux choses. A la vie».
Au détour de cette séquence, les visages filmés sont à peindre. Tout en extases titiennes nimbées d'Albicocco. Une main fait étude. Silence vaut étreinte (le héros, juvénile à pisser au lit, enregistre et traduit). Du reste, un lavage de draps à l'évier, après miction nocturne, sert de cilice lustral au retable.
Cate Blanchett, remarquable pasionaria à lascivité frigide de cette grand-meaulnerie flirtant avec la psychiatrie incendiaire, évoque notre Florence Delay (années Censier). Quand la prof Philippa se rase la tête, le compte y est : Jeanne d'Arc. Sans bûcher mais avec simi