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Libération
Interview

«Il faut ouvrir une brèche»

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Comment Bénédicte Liénard a tourné «Une part du ciel», dans une prison belge pour femmes.
publié le 27 novembre 2002 à 1h54

Sorti le 18 septembre, Une part du ciel de Bénédicte Liénard raconte l'histoire d'une détenue, Joanna (Séverine Caneele). Tourné dans le quartier des femmes de la prison de Lantin à Liège, avec de nombreux rôles interprétés par des détenues, le film a été présenté à Cannes avant d'obtenir un vrai succès d'estime. Bénédicte Liénard s'explique sur cette aventure cinématographique en prison.

Un tel tournage paraît impensable dans les prisons françaises.

La démarche existe en France, mais on n'est jamais allé si loin. Le film est né de deux expériences. En 1995, j'ai fait un documentaire, Têtes aux murs sur les centres fermés pour mineurs en Belgique. Pendant deux ans, j'ai suivi des jeunes de leur prise en charge, à 16 ans, jusqu'à leur sortie, leur pseudo-réinsertion. Le tournage a été long, compliqué. Il en résulte un film sur des mômes réduits à une dépendance absolue, que le juge ne sait plus comment libérer. Ces centres fermés sont des fabriques d'êtres dépendants, incapables de formuler des désirs personnels.

Le cinéma peut-il changer ça ?

Dans cet enfermement, il faut ouvrir une brèche, redonner du désir et de l'indépendance. Ma réponse de citoyenne a été la création d'un atelier photo-son-vidéo au quartier des femmes de Lantin, en 1997. Je ne voulais pas être financée par l'administration pénitentiaire. J'ai trouvé les budgets ailleurs et j'ai soumis un projet clé en main. Il a fallu procéder par étapes, convaincre qu'appareils photo et caméras ne mettaient pas la sécurité