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Libération

L'écrou fait écran

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Si la prison inspire les cinéastes, la pratique audiovisuelle reste limitée intra muros, tributaire des lourdeurs et de la méfiance de l'administration pénitentiaire.
publié le 27 novembre 2002 à 1h54

Le film de prison est devenu un genre au cinéma, c'est même un rendez-vous hebdomadaire pour les téléspectateurs fascinés par l'univers carcéral de la série américaine OZ, diffusée sur M6. Sorti fin septembre, le film de Bénédicte Liénard, Une part du ciel, a remporté un succès critique et démontré qu'il était possible de tourner des films sur la prison, en cellule et avec des détenus, montrant une réalité bien différente de l'enfermement, sans les caïds, les matons brutaux et les papys taulards qui ont l'air de supporter la prison comme un charme.

Surveillants et détenus, les principaux acteurs de cet univers carcéral dont s'inspire le cinéma, ont souvent dit qu'ils ne se reconnaissaient pas dans les films ou les reportages télé. Documentariste, Alain Moreau a animé pendant dix ans un atelier audiovisuel à la prison de la Santé à Paris : «Dans n'importe quel corps de métier, les gens se reconnaissent peu dans ces images, parce qu'on y va souvent dans le sens dominant. En prison, c'est un sentiment exacerbé, car il y a une coupure entre l'intérieur et l'extérieur. De plus, la prison fait partie de l'imaginaire social, jusqu'aux clichés. Pour dépasser cela, il faut s'investir... Les meilleurs films ont été tournés par des gens qui ont passé du temps en prison.» Ces documentaires, les Femmes de Fleury de Jean-Michel Carré, ou Si bleu, si calme d'Eliane de Latour, ont été diffusés à la télé, mais aucun n'a pu être distribué dans les cinémas, contrairement à Une part du ciel, fic