En octobre 1999, une lettre de prisonniers publiée dans Libération appelle les artistes au secours : «A vous, intellectuels, nous lançons cet appel à la mobilisation pour que les prisons de France cessent de conduire les personnes détenues à une lente asphyxie des sens, à la mort de l'esprit, à l'anéantissement total.» De l'aveu de Colombe Babinet, chargée du développement culturel à la direction de l'administration pénitentiaire, seul un cinéaste se fera connaître auprès de ses services : Janusz Mrozowski, d'origine polonaise, vivant en France, réalisateur, en Afrique, de la Revanche de Lucy, avec Tom Novembre. «En lisant cette lettre, j'ai eu un choc, se rappelle le cinéaste. Comme si cet appel m'était personnellement destiné.»
Lenteurs, boycott... Mrozowski élabore un projet de «création cinématographique en milieu carcéral», intitulé «Le quotidien en Technicolor». La direction de l'administration pénitentiaire accueille le projet favorablement et retient trois sites pour le réaliser : Lannemezan (Hautes-Pyrénées), la centrale d'où est parti l'appel, Poissy, en région parisienne, et le centre pénitencier de femmes à Rennes. A Lannemezan, le service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) met un an à rédiger une convention : «Notre méthode de travail implique des lenteurs, explique Colombe Babinet, car fondée sur une politique de partenariat entre les différents ministères, Justice, Culture, et les conseils généraux. Parfois, c'est difficile à cause des orientation