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Les cendres de deux surdoués

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Festival: Pour sa 43e édition, la manifestation grecque a révélé un public jeune, avide d'expérimental. Thessalonique a célébré Rafelson et Bellocchio, emblématiques d'une génération essoufflée.
publié le 27 novembre 2002 à 1h54

On connaît les raisons d'un festival : montrer des films inédits tout en portant un toast rétrospectif à un cinéaste confirmé, sinon décédé. On soupçonne moins les conséquences parfois cruelles d'une telle confrontation générationnelle. Le 43e Festival de Thessalonique, du 8 au 17 novembre avec vue sur les Balkans, se sera prêté plus qu'un autre à cette sensation de forte dépression. Outre sa vocation à mettre en compétition des premiers et seconds films, il célébrait Bob Rafelson et Marco Bellocchio. Deux cinéastes toujours en activité mais qui ont perdu pas mal de flamme.

Spectre. De la terne compétition aux rétrospectives, un seul et même écho, le spectre de la mort du cinéma, ou plutôt d'une extinction généralisée d'inspiration. Comme si tout avait été mis en place pour nous faire plancher sur une question à 1 000 francs : que reste-t-il d'un cinéaste, d'une génération, voire de toute une nation filmante, une fois passées ses premières étincelles ? Pourquoi et comment une cinématographie, partie sur les chapeaux de roue, finit-elle inévitablement en sortie de route ? Pourquoi les choses meurent ?

Rafelson est une réponse à lui seul. Débuts comme producteur de génie pour la télé (la série pop des Monkees) puis entrepreneur contre-culturel de génie (cofondateur de la compagnie BBS qui lança «le nouvel Hollywood» en pariant sur Dennis Hooper pour tourner Easy Rider), il s'était affirmé dès 1971 comme un réalisateur passionnant. En tournant avec son alter ego