«1936. Je suis né pendant l'occupation japonaise en Corée, dans la province de Cholla, une région frondeuse, parcourue de révoltes et de répressions. Les Japonais ont eu du mal à la contrôler et y ont été féroces. Ma famille souffre en silence, la haine chevillée au corps.
1945. Fin de la guerre, de l'occupation japonaise, libération de la Corée. Je suis en troisième année de primaire. C'est la joie dans tout le pays. J'étais heureux, mais je n'ai rien compris à ce que cela signifiait.
1950. Début de la guerre de Corée. L'histoire de ma famille y est intimement liée, car il y eut plusieurs victimes et beaucoup de cousins ne se reverront plus jamais, séparés par la partition entre Nord et Sud. Je vis moi-même une période très confuse et agitée. J'ai beaucoup fugué, marché, erré, multipliant les chantiers et les petits boulots dans la région de Pusan.
1959. Je dois avoir déjà vidé 5 000 bouteilles de saké depuis que je me suis mis à boire. Je ne m'arrêterai pas de sitôt. Boire est la source de toutes mes inspirations et de tous mes plaisirs.
1961. Mon premier film, Adieu, fleuve Tuman. Une commande que je ne voulais pas vraiment réaliser, un film d'action, avec un héros costaud qui combat les Japonais durant les années 30. Je suis en plein doute sur ma place dans le cinéma.
1972. Mon premier film personnel, les Mauvaises Herbes, après une cinquantaine de commandes en dix ans. C'est une prise de conscience : je produis et je réalise ce film "sérieux". Je décide de ne plus faire de f