Au coeur du XIVe arrondissement, là où Paris a encore des allures de village, la rue Daguerre est réputée pour la variété de ses commerces. C'est un «primeurs» vraiment particulier qui vient d'ouvrir au numéro 83. On y trouve bien des pommes de terre en vitrine, mais en forme de coeur. Et ces tubercules à ventricules voisinent avec d'étranges déclinaisons des Glaneuses, le tableau de Millet, reconstitué au point de croix ou reproduit sur une sa lière. Les amateurs d'Agnès Varda auront reconnu les objets fétiches des Glaneurs et la glaneuse. Et pour cause : la cinéaste vient d'investir la quincaillerie qu'elle filma voici vingt-sept ans dans Daguerréotypes, pour y installer la boutique de sa maison de production, Ciné-Tamaris. Un magasin consacré pour l'instant à un seul produit : le DVD des Glaneurs et la glaneuse (1).
Intarissable. Si vous poussez la porte, ne tenez pas compte du désordre et n'hésitez pas à déranger la patronne qui travaille à son banc de montage numérique. Elle sera ravie de vous conduire à la mini-salle de projection installée dans l'arrière-boutique, car ici on peut voir avant d'acheter. Ne soyez pas trop pressé car Agnès Varda a la parole intarissable. Capable dans un même souffle de théoriser sur le cinéma, de pester contre le bruit du vidéoprojecteur, de houspiller la superviseuse des travaux pour une poignée manquante et de clamer son amour des gens de peu. «Le côté pagaille de la vie, j'aime assez ça», glisse-t-elle. De cette conception marabout-bout