Blondeur, rondeur, chaleur. Pourtant Jeanne Labrune est comme son film. C'est-à-dire qu'elle cache sous sa décontraction rigolarde un ras-le-bol profond qui ressemble à du désespoir. Explications d'une cinéaste qui a tenté, à ses risques et périls, une exploration du conformisme de gauche, une plongée dans l'enfer de la conscience bourgeoise contemporaine.
Humour. «Je me suis battue pendant sept ans pour faire Vatel et finalement c'est Roland Joffé qui l'a tourné. Je n'en ai pas conçu d'amertume : arrêter, c'est aussi un défi. J'ai voulu rebondir et j'ai compris que ça passait par l'humour. C'est comme l'envers de la douleur, l'humour, comme si on retournait la chaussette. C'était aussi l'envie d'écrire librement tout ce qui me passait par la tête. Avec Richard Debuisne (son compagnon et coscénariste, ndlr), on a beaucoup discuté et on s'est beaucoup marré en écoutant les autres et nous-mêmes parler. Quand je faisais mes premiers films, je voyais des images, j'étais dans la tradition de l'inspiré qui a des visions. Maintenant, je suis dans la tradition de Jeanne d'Arc, j'entends des voix ! Tout d'un coup, je me suis mise à entendre cette espèce de choeur parisien, qui me traverse la tête et qui me la pollue.»
Totalitarisme. «La comédie française est souvent lourde, structurée par le gag, ça me fait suer. Je voulais autre chose, c'est pour ça que «ça» s'appelle une «fantaisie». Il s'agit de délirer dans le langage, de concasser les clichés. La jeune bourgeoisie parisienne n'a p