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Libération
Reportage

Artaud crevait l'écran

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En Autriche, sept films ont rappelé le talent méconnu de l'écrivain.
publié le 18 décembre 2002 à 2h11

Vienne de notre correspondant

Tout le monde connaît les rapports entre Antonin Artaud et le théâtre. Les relations que l'écrivain-peintre-théoricien-metteur en scène-acteur-scénariste-producteur a entretenues avec le cinéma, beaucoup moins. C'est là le grand mérite du «programme spécial» que la Viennale, le festival international de film de Vienne, a organisé dans son édition 2002.

Une trentaine de rôles. Même si seuls sept films y furent présentés ­ sur une trentaine pour lesquels Artaud a travaillé ­, le choix s'est avéré suffisamment différencié pour se faire une idée de l'étendue des capacités artaudiennes à pénétrer cette nouvelle forme d'art, septième en son temps.

A côté de trois immenses classiques, Napoléon d'Abel Gance (1927), la Passion de Jeanne d'Arc de Carl Dreyer (1928) et Liliom de Fritz Lang (1934), dans lesquels Artaud interprète respectivement les rôles de Marat, du moine Jean Massieu et d'un rémouleur, la Viennale a réussi à dénicher quelques merveilles, tels ces cinq courts métrages surréalistes réalisés en fond de tableau pour le spectacle d'Yvan Goll, Mathusalem, ou l'Eternel Bourgeois (1926), dans lesquels Artaud apparaît en évêque, extraordinaire de spiritualité concentrée. Ou encore le fondamental la Coquille et le clergyman, reconstitution de séquences «par associations» telles que le rêve peut en produire. Artaud signa le scénario, qu'il confia ensuite à la réalisatrice d'avant-garde Germaine Dulac (avec laquelle il finit par s'engueuler violemment,