Olivier Assayas et «l'Eau froide»(1993) :
«Ce n'était plus du cinéma»
«Sur tous les films il y a un éclair où les raisons cachées y compris à soi-même qui sont à l'origine de l'oeuvre, se dévoilent. Et toujours sous une forme oblique. C'est ce moment où une émotion intime, qui nous a fait désirer ce film-là, nous revient par un curieux effet de boomerang : ce n'est plus nous qui la transmettons au film mais le film qui, par son mouvement désormais autonome, nous la renvoie. Cette émotion nous revient transformée, différente d'avoir été assimilée par autrui : ce ne sont plus des intentions, des mots sur une feuille de papier, mais une manifestation du réel. Un balbutiement d'Emmanuelle Béart submergée par le trouble de Pauline Barnery dans les Destinées sentimentales, ou un rougissement de Maggie Cheung soudain déstabilisée au détour d'une réplique d'Irma Vep : je ne sais plus, et elles non plus, où se trouve la frontière entre le personnage et la personne, ni au juste qui a balbutié ou qui a rougi.
L'exemple le plus marquant remonte à plus loin. C'était une nuit sur le tournage de l'Eau froide, il y a de cela une dizaine d'années. La toile de fond était le début des années 70, celles de mon adolescence, et le récit s'articulait autour d'une fête nocturne dans les ruines d'un manoir : les lieux mêmes où j'avais vécu ou bien imaginé ou encore désiré, avec le recul c'est la même chose, les situations que je décrivais. C'était au mois de décembre 1993, il faisait un froid de bê