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Libération

La séquence du réalisateur

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Et si un plan déterminait à lui seul l'existence d'un film? La preuve par six cinéastes: Olivier Assayas, les frères Dardenne, Claire Denis, Arnaud Desplechin, Robert Guédiguian et André Téchiné.
publié le 18 décembre 2002 à 2h11

L'idée est née avec Claire Denis qui, au virage d'une conversation sur l'un de ses films bien aimés, confia, baissant la voix comme pour atteindre instinctivement l'octave de la confidence, qu'en fait elle n'entreprenait un film que pour une scène, un plan, un seul moment, dont par ailleurs elle se réservait le droit de ne jamais avouer quel il était. Quelques soirs plus tard, la même réponse fit écho dans un propos d'André Téchiné. Et plus récemment, Alain Cavalier, papotant d'autre chose au téléphone, convenait lui aussi qu'il n'avait tourné René, son dernier film, que pour y glisser une séquence, à la fois réminiscence d'un autre de ses films et d'une anecdote de sa vie privée.

Boomerang. Pour Libération, Claire Denis et André Téchiné ont accepté d'en dire un peu plus long sur cette conviction commune, bientôt rejoints par Olivier Assayas, Arnaud Desplechin, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Robert Guédiguian. Ça n'est pas un groupe, une école ni une vague, mais le début d'une drôle de coïncidence, une amicale plaisante en tout cas. Mais lire (ci-après) ces cinéastes, les considérant ainsi à l'écrit alors que d'ordinaire on les estime à l'image, pose par retour de boomerang quelques questions à la critique de cinéma. Ne serait-ce que parce qu'on se reconnaît dans ces correspondances : il arrive aussi qu'on n'écrive tout un article que pour y glisser une seule phrase.

Si telle scène avouée ou inavouable est le point G de leur ciné-jubilation, toute critique adéquate ne serait-ell