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Libération
Critique

Boubacar chante pour le Mali

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publié le 25 décembre 2002 à 2h16

Au tournant des années 50-60, tous les pays du monde eurent leur Elvis Presley. L'«Elvis malien», Boubacar Traoré, star de l'indépendance de son pays en 1960, a disparu durant plusieurs années avant de renaître artistiquement au croisement des années 1990-2000. Jacques Sarasin raconte cette résurrection dans un premier long métrage qui marie nostalgie et actualité.

Kar-Kar. Je chanterai pour toi tente de filmer la musique. Un exercice difficile, surtout quand la musique et la vie de ses acteurs retracent l'histoire et l'évolution psychologique d'un pays, d'une génération. Jacques Sarasin tente de confondre l'histoire du Mali actuel et la vie de Boubacar Traoré dit Kar-Kar. «Kar-Kar, ça veut dire "cassé cassé" en bambara, pour désigner le beau dribble au foot. C'est parti comme ça, tout le monde l'appelle Kar-Kar», explique un jeune Malien né bien après le vedettariat de Traoré.

«Levez-vous». Kar-Kar est dans sa chambre, assis sur le lit, l'oreille collée à la guitare comme s'il étreignait le flanc d'une femme : «Ouvrons grand aux autres la porte de nos maisons/ Car la mort n'épargne personne.» Malgré un récent mariage, Boubacar est encore marqué par son grand amour, sa femme Pierrette décédée peu après un accouchement : «Je suis resté célibataire pendant dix ans.» Une série de photos en noir et blanc défilent, montrent le couple jeune, et d'autres jeunes gens optimistes, habillés comme dans un ghetto noir du Sud américain, dansant rhythm'n blues, rock et twist. Ce sont des cli