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Libération
Critique

Il était une fois dans l'Est

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publié le 25 décembre 2002 à 2h16

Amours impossibles, rivalités viriles, couchers de soleil incandescents, cieux de soufre balayés de nuées violines, monde de cavalcades ardentes éperonnées par des cow-boys au look rétro, à travers des vastitudes désertiques bordées de rivières de lotus... On croyait qu'il n'y avait que dans les souvenirs d'enfance, nourris de vieilles BD et d'antique cinéma américain, que les épousailles du mélo et du Technicolor flamboyaient ainsi. Ou alors dans les chromos réinventés de Pierre et Gilles. Mais les Larmes du Tigre noir est un western thaï. Un vrai-faux western moderne, recourant à tous les accessoires traditionnels du genre (colts, stetsons, foulards, bottes, équidés pour tout le monde et moustaches pour les méchants), saupoudrés d'une pincée de couleur locale reconvertie en folklore secondaire : pavillon-pagode pour une rencontre romantique avec l'héroïne, statue vaguement bouddhique meublant un sanctuaire abandonné pour les communions fraternelles... Un festival d'exotisme ironique à multiples ressorts, qui en met plein les yeux.

Racines. Farce incongrue ? La production de westerns «nationaux» a fait florès en Thaïlande dans les années 50, si l'on en croit Wiit Sasanatieng, auteur de cet opus «hommage» présenté il y a deux ans à Cannes dans le cadre d'Un certain regard. Le genre trouvait, d'après lui, des ancrages dans la culture thaïe : «Les campagnes, plus isolées qu'aujourd'hui et faiblement peuplées, subissaient une forme de grand banditisme tout à fait semblable à cel