On commencera ce rituel bilan de l'année cinématographique par la phrase qui nous aurait fait le plus rigoler, si elle ne se voulait une analyse très sérieuse de la violence traversant la «société des écrans» : «L'exemple des films de Clint Eastwood sont fort intéressant (sic). Celui intitulé le Canardeur dans toutes ses variantes réalisent (resic) des films où des tueurs se demandent comment ne plus l'être (voir Impardonnable, reresic).» Palme de la dissertation bâclée et sans queue ni tête, voici le rapport Kriegel sur «la violence à la télévision», remis le 14 novembre au ministre Jean-Jacques Aillagon. Non seulement Blandine Kriegel n'a jamais dû voir un film de Clint Eastwood (sûrement pas Impitoyable), mais elle parle de cette «violence dérégulée» pour aligner des perles qui l'ont propulsée à toute vitesse vers l'imposture intellectuelle.
Tutelles. Le plus grave, dans l'affaire, reste sans doute les conséquences à moyen terme de ce calamiteux rapport : enterré fissa par le ministre, il n'en a pas moins ouvert une boîte de Pandore de laquelle sortent, semaine après semaine, les propositions les plus réactionnaires des ministres et parlementaires d'ordre moral : réforme rigoriste de la commission de censure, double tutelle pour icelle des ministères de la Culture et de la Famille, taxes liberticides sur les productions françaises porno... Et pourquoi pas Bonne nuit les petits tous les soirs sur les télés et tous les mercredis sur les écrans français ?
L'autre catastrophe d