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Libération
Critique

Tout «Novo» tout beau

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publié le 25 décembre 2002 à 2h16

Novo ? L'existence lisse de Graham, un garçon dans Paris qui vit sans jamais se rappeler d'aucun événement au-delà de dix minutes, la mémoire continuellement neuve. Voilà l'homme Novo, celui en qui tout a toujours le goût de la première fois. Préfère-t-il s'accommoder d'une vie instantanée, jouant à Colin-Maillard au tourniquet des coeurs, et toutes sont jolies : Mouglalis, Richard, Gayet, Paz Vega ? La question était trop longue, Graham ne s'en souvient déjà plus. Graham écarte les cuisses des filles pour y contempler l'origine du monde et, à défaut de morsure d'amour, trouve une dent, preuve enfantine : la petite souris va passer. Un enfant, depuis un moment, le suit partout. Paradoxe ? Non, belle logique. L'enfant est autant son héritier, sa mémoire, que la preuve d'une promesse d'avenir, une nécessité à la survie de Graham.

Cela fait vingt ans que Jean-Pierre Limosin réalise des films et il aura fini par évacuer de son univers tout ce qui pourrait ressembler à un corps mur, vieillissant. C'est une orgie de corps jeunes, toujours plus beaux, plus idéalisés, mais plus inquiétants. Aujourd'hui, il tient entre les mains le portrait d'un monde plus angoissant que jamais, puisque délesté de mémoire, mais encore plus séduisant et léger. Un monde sans cesse remis à neuf, dont les plus jeunes servent de Post-it aux anciens, lesquels n'ont pas 30 ans !

Jeux. Que l'adulte de Faux-Fuyants soit le seul, dans sa filmographie, à se reprocher un crime n'est pas sans incidence. Chez Limosi