Sur la toile peinte par son père, il est un mince ange blond magnifié par le regard intense des parents qui l'entourent. Ce sont les années 40, et Ragnar («chevalier du roi» en hollandais) n'est alors que cette étrange image du désir de deux parents terribles. Karin, les cheveux à la garçonne, peintre elle aussi. Ernst Van Leyden, un homme large au profil d'aigle, Hollandais exilé en Californie qui fournissait des tableaux aux studios de cinéma. Cet héritage de toiles, le fils Van Leyden, né en 1932, en fera un montage personnel, dans un ouvrage réunissant les oeuvres du père, de la mère, et les photos de famille (1). Un lien filial avec l'art auquel il a aussi fait une place dans son travail cinématographique : ne dit-il pas lui-même qu'il pratique une sorte de «collage» graphique ?
Précurseur du virtuel. «J'ai commencé à travailler comme monteur à Hollywood, raconte-t-il. Puis pour un type qui achetait des films amateurs et qui voulait un monteur non syndiqué payable au lance-pierres. Avec ces images muettes, je devais construire une histoire qui tienne debout. A raison de treize minutes par semaine sans scénario, ce fut une formidable école de montage.» Au début des années 60, «pour s'éloigner», le jeune homme rejoint un photographe dans une expédition archéologique britannique en Iran. Par hasard, il y rencontre Chris Marker. Il connaissait déjà son cinéma, tout comme celui de Richard Leacock ou de Frédéric Rossif, deux grands documentaristes. En 1963, pour rejoindre l'Eu